mercredi 18 juin 2008

Le Laos

Et si c'etait ca le pays du sourire?

7 juin:

Nous passons notre journée a rouler en direction de la frontiere Thailande - Laos. La traversée du Mekong ne se fera finallement pas aujourd'hui: nous n'avons pas de "dollars" pour payer nos visas et les banques sont fermées pendant deux jours. Le temps de solutionner ce probleme le poste frontiere est deja fermé ... on dormira une nuit de plus en Thailande.

8 juin:
Dans son livre" Les tribulations d'un pédaleur errant", Serge Leret décrit le Laos comme un pays paisible ou le temps semble s'y etre arreté et ou les gens sont d'une extreme gentillesse. On espere y trouver la meme chose et se reconcilier avec l'Asie qui pour le moment ne nous emballe pas plus.

Apres un tres court passage en barque nous arrivons au Laos et déja on nous accueille avec un grand sourire. Mais nous restons sur nos gardes, on s'est tellement fait rouler dans la farine en Thailande. Nos visas en poche, nous cherchons un bus pour LUANG NAM THA au nord. Nous nous adressons dans une Guest House referencée dans le Lonely Planet comme étant tres fiable et symphatique. La mamie parle tres bien francais, ca nous simplifie d'autant la tache. Le premier minibus est soit disant deja parti il faut attendre celui de 10h. A 10h la vieille nous dit qu'il y a un souci avec le mini bus, elle nous affrete un tuk-tuk pour la gare routiere d'ou nous prendrons le bus. Arrivé a la gare routiere nous constatons le prix du billet de bus: 57 000 Kip alors que nous avons payé 100 000 kip pour un minibus climatisé a la vieille. Notre "bus" est une grosse épave ou on a peine la place de mettre les jambes et ou l'allée centrale est completée par des petits sieges en osier ... on va etre bien entassé. A peine arrivé, deja arnaqué! Je suis fatiguée, écoeurée,... Je decide de retourner en ville pour que la vieille nous rembourse mais le tuk-tuk nous reclame 27 000 Kip pour l'aller-retour. Ca sent l'arnaque bien organisée, nous sommes bloqués dans cette foutue gare routiere et pas moyen de récuperer notre argent. La somme perdue est entre guillemet negligeable: environ 8 euros mais c'est pour le principe. Dans ces pays ca represente une certaine somme et cette vieille qui nous roule dans la farine est loin d'en avoir besoin: elle tient une auberge, un restaurant et est referencée dans un guide de voyage, faut pas pousser!

Finallement le bus ne partira qu'a 12h30, bond
é a l'africaine avec des paysans qui grimpent toutes les 20 mn avec leur gros sac en toile de jutte. Heureusement le paysage est superbe et nous pouvons deja apercevoir sur la route des femmes Akha, une tribue des montagnes.

La journée se termine bien mieux qu'elle n'a commencé: nous nous degautons une jolie petite chambre climatisée avec télé pour 4 euros et nous nous faisons inviter par le pharmacien de Luang Nam Tha a deguster un petit whisky laotien: du lao lao qui est en fait un alcool de riz. Apres trois shutters il est temps de laisser notre ami car son breuvage ne fait pas semblant d'etre alcoolisé et il ne faudrait pas qu'il nous fasse finir la bouteille.

9 juin:
Pour apprecier la campagne environnante, nous sommes remont
és sur un deux roues mais cette fois-ci non motorisé. Un peu de sport ca ne fait pas de mal! Le velo a cela de bien qu'il permet de rentrer dans les villages avec plus de discretion et permet plus de contacts avec les gens qui marchent sur la route.
Le nord du Laos abrite de nombreuses tribues des montagnes et nous ne tardons pas a en rencontrer. Sur la route qui nous mene a une chute nous traversons un village LENTEN. Les femmes que nous croisons sont habill
ées d'une tenue bleu marine surfilée de turquoise et de fushia et sont coiffées d'un chignon orné d'une piece et deux grandes meches qui encadrent leur visage. Elles sont tres fieres et refusent systematiquement d'etre prise en photo, ce que nous respectons. Nous nous balladons a proximité du village dans les rizieres et deja une famille Lenten nous fait signe de venir pour nous abriter car il pleut. C'est la pause dejeuner apres le travail au champ: au menu du riz collant dans des feuilles de bananes. Nous quittons ce joli petit village sans aucune photo mais plein d'images dans la tete.

Nous poursuivons notre vir
ée a travers les champs et les rivieres, ca a un petit coté Indiana Johns parfois.

L'apres-midi nous avons continué a pousser sur nos pédales pour visiter les rizieres. Les laotiens sont extrement gentils: les enfants nous disent systematiquement bonjour, on echange de nombreux sourires et malgré la barriere de la langue de nombreuses personnes essaient spontanément de communiquer avec nous, de savoir d'ou on vient. L'échange ne va jamais tres loin mais c'est toujours tres agréable.



Nous assistons enfin a ce sport national du Laos: la baignade dans les marres boueuses. Les enfants pataugent, sautent dans l'eau et font des batailles de boue. Ils vivent dans un environnement tres simple et rustique mais on sent qu'ils sont heureux.






Le soir nous regagnons la petite bourgade pour manger la meme chose que la veille: soupe au nouilles. Cote culinaire ce n'est pas tres varié! Des laotiens nous invitent a nous asseoir avec eux et nous font tester le sticky rice ou riz collant que l'on mange avec les doigt.

En deux jours au Laos, nous avons plus de contacts chaleureux et amicaux qu'en un mois en Thailande ... c'est un bon presage!

10 juin:
Nous avons loué une petite 125 cc mais cette fois-ci elle est semi-automatique, Vincent doit donc passer les vitesses. Les debuts sont assez cahotiques, chaque passage de vitesse est assez brutal ... mais ca va venir! Nous prenons la route pour MUANG SING, petite ville a proximité de la frontiere chinoise et connue pour avoir été le plus grand marche d'opium du triangle d'or. Les 58 Km de route qui nous y mene sont magnifiques mais rudes: le revetement de la route a été tellement raffistolé que nous avons la douloureuse sensation de passer une succession de dos d'ane, le tout sur une assise laissant a desirer.



A midi, re-soupe aux nouilles ... vaut mieux pas s'en lasser! L'apres-midi nous tentons de trouver quelques villages de tribus des montagnes mais notre petite virée est plutot infructueuse: d'abord car la saison des pluies qui a pris place depuis quelques jours defonce completement les pistes ce qui nous rend l'acces difficile, mais également car a cette heure ci de la journée c'est la sieste donc il n'y a personne a se ballader. Et puis finallement les visites de villages ce n'est pas trop notre fort: on est intrus et observateur et c'est une place qui nous met assez mal a l'aise. D'un commun accord on decide de rester sur les chemins sans s'introduire dans les villages, et c'est d'ailleurs le meilleurs choix car les femmes s'appretent pour sortir de chez elle quand elles vont a la ville, c'est sur la route qu'elles sont les plus belles et en habit traditionnel.

Le soir nous decidons d'aller voir de plus pret cette frontiere avec la Chine. Sur la route nous croisons une vieille femme de la tribue des Yao: vetue d'un grand boa rose ... mais nous ne sommes toujours pas autorisés a prendre une photo. Ca en devient un peu frustrant!

Nous regagnons notre auberge sous une pluie battante.


Petite vendeuse de mais en habit traditionnel au marche du soir de Muang Sing

11 juin:
La route de la veille vers la frontiere chinoise etait tellement belle que nous decidons de la refaire ... au sec. Sur la route nous croisons a nouveau une vieille femme YAO en train de tisser. Nous lui demandons l'autorisation de la photographier, elle nous demande de l'argent, nous rangeons notre appareil ce n'est pas de ce type de photos dont nous avons envie. La pauvre femme repart et nous regarde avec dedain. Elle ne peut pas comprendre que nous lui refusions une petite piece car il est vrai qu'elle a l'air tres pauvre, mais lui donner de l'argent comme cela n'est pas une solution. Associer le touriste a un potefeuille embulant les condanne a la mandicitee!

Sur le retour nous croisons une femme AKHA aux levres tres rouges comme si elle machait de la noix de cola. Nous nous arretons pour la saluer car elle est tres belle dans son costume traditionnel. Elle nous explique dans ses gestes qu'elle revient de la ville et qu'elle est fatigu
ée. La ville est a 8 Km de la. Nous lui proposons de la raccompagner sur notre moto car son sac est lourd, pleins d'insecticides pour traiter les rizieres. Elle accepte, et nous voila parti a trois sur notre petite moto. Arrivé au village les enfants sont hilares: la boue rend la piste tres glissante et la petite dame s'accroche comme elle peut a Vincent.


Femmes de la tribue AKHA

Pour nous remercier elle nous invite chez elle, dans sa hutte sur pilotis en bambou. On partage le riz collant dans des bol d'osier avec un peu de viande, ce qui doit etre assez rare. La maison est rustique: un coin pour le feu ou les femmes font la cuisine, quelques tabourets en osier et les couchages a meme le sol.



Des enfants du villages affluent dans la maison pour observer ces etrangers en scooters. Les petites filles me regardent avec de grands yeux quand je refais mon chignon, c'est partie pour une seance de coiffure: tresses, couettes...

Nous quittons le village pour la route cahotique de MUANG LUANG. Apres une bonne averse et las de cette route nous rebroussons chemin. La saison des pluies n'est sans doute pas la meilleure pour s'adonner aux joie du deux roues car les pistes sont dans un etat terrible, glissantes avec d'
énormes crevasses crées par le ruissellement des eaux.


Sur la route de MUANG LUANG ... toujours en habit traditionnel!


Grenier alimentaire chez les AKHA

Vu le temps pluvieux nous decidons de regagner LUANG NAM THA. A l'entrée de la ville nous crevons encore. A croire que nous sommes abonnés. Mais cette fois-ci a peine besoin de pousser.

Apres reparation nous repartons explorer les rizieres derrieres la ville. Les champs sont en ce moment des lieux ou regne une grande activit
é. Les agriculteurs labourent les champs, arrachent et repiquent le riz, il y en a des petites mains a travailler! On les observe de loin, ils nous font signe de venir. Nous voila partis pied nus dans la boue, a marcher sur les petits monticules de terre qui separent chaque parcelle. Les gens sont tres accueillants, souriants et les femmes m'invitent a participer a l'arrachage des pousses de riz qui seront par la suite repiquées.





Et il y a une technique! Il faut arracher plusieurs brins a la fois d'un coup sec pour eviter que trop de boue ne vienne avec les racines. Une fois qu'on a formé une belle botte, on la noue avec un lien en jonc et on arrache la partie superieure des tiges pour les egaliser et leur permettre de mieux repartir quand elles seront repiquées. Chouette moment de partage avec ces gens qu'aucun touriste n'importune.




Dans la campagne de LUANG NAM THA ...

Sur le chemin du retour nous traversons a nouveau un village LENTEN.

Le Laos nous plait beaucoup avec ses paysages et ses gens authentiques, chaleureux et avident d'échanges. Mais nous craignons que ce pays ressemble d'ici quelques années a la Thailande du a un tourisme mal géré. La population de ces pays n'est jamais trop preparée a recevoir des etrangers et ci ceci ne se comportent pas intelligement et avec du bon sens on obtient in finé des gens a la base humbles qui mendits, des enfants qui reclament des bonbons ou des stylos et des vendeurs qui explosent les prix de maniere stupide. Un permis de voyager comme le suggerait notre ami Regis? Il n'a sans doute pas tord! Quand on voit que certain touriste vont specialement dans le nord pour fumer de l'opium dans les tribus alors que la culture de l'opium est illegale. Ils sont irresponsables et entrainent de pauvres agriculteurs et villageois dans leur delire en les pervertissant. Enfin sur ce sujet on pourrait se prendre souvent la tete avec les touristes que l'on rencontre.

12 juin:
Neuf heures de bus pour faire 300 Km, l'horreur! La route est sineuse a souhait et notre chauffeur se prend pour Schumacher. Un pauvre laotien un rang devant nous passe tout son trajet a vomir ses tripes et a jeter ses petits sacs par la fenetre. Notre chauffeur nous assome de musiques de lovers thai accompagnees de clips type "Bollywood". Et pour couronner le tout, la route principale est dans un
état catastrophique: des nids d'autruches (et non de poules!), des arbres en travers, des coulées de boues ou de cailloux. A lui seul ce voyage est une aventure!



Nous arrivons sain et sauf a LUANG PRABANG, petite ville élue pour la troisieme année "ville la plus charmante" par nos amis d'outre-atlantique (USA). Autant vous dire qu'ici les prix ont explosé!

13 juin:
La saison des pluies? C'est sure cette fois-ci on est bien dedans! Toute la journ
ée nous avons joué au chat et a la souris avec la pluie: on sort, on se cache. Nous avons quand meme reussi a nous ballader un peu. Le marche du matin nous a donne l'occasion de voir du cochon d'Inde grillé, et nous avons pu admirer l'architecture coloniale de la ville. La pluie c'est aussi l'occasion de voir les enfants laotiens barboter dans l'eau en jouant au foot.



Mais nous nous sentons comme en prison ici. Les prix sont prohibitifs. Un velo a louer est huit fois plus cher que dans le nord. Quant aux scooters, les etrangers n'ont pas le droit d'en louer. Dire que nous avons fait la route jusqu'ici car nous voulions en louer un et remonter dans le nord jusqu'a NUANG KHIAW, un endroit superbe apparament. Nous voila coincés! Le touriste est pris en otage! Alors meme si cette petite ville a beauxcoup de charme nous n'allons pas y trainer, nous ne sommes pas en quete d'un tourisme a la carte organisé par des agences de tourisme.


LUANG PRABANG by night

14 juin:
La pluie, toujours la pluie. Ce matin nous avons refait le meme march
é que la veille en quete de cochon d'Inde grillé ... pourquoi ne pas tester. Mais nous n'en avons pas trouvé. A la place ce matin, les vendeuses offraient du serpent fraichement tué, des larves, des essins de frelons. Tout un menu!



La ville compte quelques jolis temples, ca occupe quand on ne peut pas visiter les exterieurs. Nous tentons de trouver un billet de bus l'apres-midi pour Ventiane mais toutes les agences nous disent qu'il n'existe pas de bus public, seulement des bus climatisés. Comme si les locaux venaient chercher des billets de bus dans cette super artere commercante. On se debrouillera tout seul!



15 juin:

Finallement les bus pour VANG VIEN existent bien! Six heures de bus pour faire 200 Km ce sont les joies de la montagne. La route est belle mais donne vraiment la nausée tellement ca tourne. Nous arrivons en milieu d'apres-midi sous la pluie. La saison des pluies offre de jolies scenes de vie dans les campagnes mais ce n'est pas toujours tres pratiques pour nous autres voyageurs.



16 juin:
Malgre la pluie qui ne cesse de tomber nous decidons de louer une petite 125. C'est la saison des pluie et si nous attendons qu'il s'arrete de pleuvoir, nous ne sommes pas pret d'avancer. Direction l'autre rive de la riviere, la ou on peut admirer ces montagnes en forme de pin de sucre au pied desquelles poussent des champs de riz. Le paysage est de toute beaute mais la pluie nous empeche de l'immortaliser. La route est difficile, boueuse. Nous glissons sans cesse avec notre 125 , chaque pied pose a terre est un risque potentiel de perdre une tongue restee englu
ée dans la boue. Finallement on opte pour la version " pieds-nuds" pour certains passages ou nous decidons de marcher et de pousser. Mais la encore rien ne nous assure de ne pas nous gameler. Les passages des rivieres ne sont pas des moins epiques, le tout est d'avoir du bol car si la moto cale avec le pot d'echappement dans l'eau ce sera la fin, on devra rentrer en poussant. Le temps n'est pas au rendez-vous mais les crises de fous rires sont bien presentes!





Entre peche et plongeons dans l'eau, la saison des pluies a du bon! Ce sera le tour des filles plus tard quand les garcons seront partis.

Sur le chemin du retour bien crassou nous croisons des petits enfants qui accourent vers nous "Bonbons, bonbons", en francais! C'est la premiere que nous rencontrons des enfants qui reclament. Vang Vien attire un certain nombre de touristes venus faire du tubing et autres sports d'eau, ainsi que la visite de grottes. Quel dommage que les touristes ne comprennent pas que leurs actes ont des consequences. Des bonbons pour des enfants dont les parents n'ont pas les moyens de les emmener au dentiste!

Nous avons la chance de decouvrir un pont en bambou avec des systemes de tire-fort:un vrai travail d'ingenieur avec les moyen du bord. Ca aurait pu etre un bon theme de stage de premiere annee d'ESB (Ecole du Bois).


Au choix: le pont en bambou ou la traversee de la riviere a pied


Sur la route nous croisons un bebe singe orphelin: sa maman a ete tuee par des HMOMG pour etre mangee.

Avec la baignade dans les rivieres et les marres de boue, la chasse aux papillons semblent etre un pastant tres prise des jeunes laotiens. Les papillons attrapés sont de toute beauté, dommage que certains petits diablotins leur arrachent les ailes pour se faire des petits tatouages sur le visage.



En fin de journée nous terminons notre ballade vers TA HEUA ou nous pouvons admirer le debut du lac NAM NEUM. La lumiere fait enfin son apparition, l'endroit est superbe. Nous decisons alors de tenter notre chance dans la zone speciale de SAISONBUM encore recemment fermée aux touristes. C'etait dans le passé une zone de non-droit ou l'armée des rebelles HMONG s'etait insurgée. Nous nous arretons au premier village ou nous partons a la rencontre des pecheurs. Les gens sont surpris de nous voir mais nous sommes agréablement accueillis: sourires, bananes. C'est ca le Laos!




17 juin:
Ce matin la prise du bus est matinale: 6h30, nous roulons vers la capitale VENTIANE. Avant de monter dans le bus nous appercevons la quete des moines. Et oui il faut se lever de bonnes heures pour les appercevoir!



Ventiane est comme on nous l'avait decrite: sans interet et avec des prix d'hotels exhorbitant pour dormir dans un cagibi sans fenetre. Nous n'avons malheureusement pas le choix, nous devons rester pour faire nos visas Cambodgien. Nous passons une partie de notre apres-midi au centre culturel francais. C'est toujours bon de retrouver un peu de notre chez nous surtout quand il flotte.



Le Sud du pays dans le prochain num
éro.

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