mercredi 17 septembre 2008

L'Inde du Nord-Est, Première partie

Le Gujurat et le Rajasthan

L'Inde sera notre dernière halte de 5 semaines avant notre retour en France. Nos passeports sont pleins et l'ambassade de France refuse de nous les refaire. Nous n'avons pas d'autres choix que de rentrer au bercail. De toute façon un petit retour aux sources ne nous fera pas de mal. D'autres part, nous avons du matériel à récupérer pour la suite de notre périple en Amérique du Sud.

1er août :
Nous allons enfin et définitivement quitter la Thaïlande, son Kao San Road et ses touristes étranges. Nous avons réussi à squizzer les bus à touristes pour l’aéroport contre un bus local à 30 baht au lieu de 150 pour le même trajet … on se félicite !
L’enregistrement des bagages est plutôt long sans qu’on en sache la raison. Une femme indienne nous aborde en nous demandant si on peut prendre son sac avec nous. Hors de question ! On ne la connaît pas, elle ne nous inspire pas confiance, ..., on refuse de prendre le risque de voyager avec un bagage qui n’est pas le notre. (On la recroisera plus tard avec plein de sacs du Duty Free, elle n’était pas encore assez chargée …). Par la suite cette charmante indienne essaiera de nous doubler au check-in mais le stewart la renverra dans les rangs. Les indiens ont l’air très disciplinés …
1h30 de retard pour notre avion Indian Airlines. A l’intérieur c’est l’hallu ! On est très loin des compagnies des Emirats Arabes. Les passagers indiens sont indisciplinés au possible : personne ne prends les sièges attribués, les gens continus à se balader alors que le signal " attacher sa ceinture " à déjà retenti trois fois. Pire, une femme va jusqu'à pousser à deux reprises l’hôtesse de l’air pendant sa démonstration d’évacuation. Nous n’avons pas encore décollé que les passagers s’excitent tous sur leur bouton pour appeler l’hôtesse : ils ont soif ! C’est la foire d’empoigne, on est estomaqué, atterré. Ce trajet de quatre heures est une bonne mise en jambe !

Notre arrivée a BOMBAY est déroutante : l’aéroport est miteux. On dirait Beyrouth après un bombardement : des murs écroulés, des gros rats qui se baladent, des cages d’escaliers jaunies et poussiéreuses, des gens affalés sur le sol. On demande où est le bâtiment principal, celui où on trouverai un office du tourisme, des distributeurs. Tout le monde nous répond que c’est ici. Mais ça pour nous ca dépasse l’entendement, c’est inconcevable que cette ruine accueille tous les vols internationaux. Mais à chaque fois c’est la même réponse : "C’est ici !". Alors on doit se rend à l’évidence! On fait un peu de change et on prend un taxi prépayé pour éviter toute arnaque …Mais même là il faut se méfier ! Nous payons 390 roupies et le type nous sommes de partir vite pour récupérer notre taxi. Je regarde quand même notre reçu, et c’est indiquer 350. Je reviens au guichet, je demande ma monnaie et le type me souris … bien essayé !
A 23h c’est le parcours du combattant pour trouver une chambre d’hôtel, tout est plein !

2 août :
Nous découvrons enfin Bombay de jours. L’endroit dans lequel nous avons dormi cette nuit était finalement très bien situé. L’architecture dehors est très marquée par l’influence anglaise des colons. C’est très "Cambridge". Les gens dans la rue ne sont pas si collants qu’on le pensait. Seuls hic : le regard insistant et un pervers des hommes malgré ma tenue plus que correcte. Demain le chech s’imposera ! Les femmes en sari sont à notre goût plus aguichantes mais elles n’ont pas la peau blanche et ça fait toute la différence aux yeux des hommes indiens. Malheureusement l’image qu'ils ont des occidentales est souvent limitée aux films pornographiques et ce n’est pas pour nous aider.
L’après-midi nous prenons notre premier train indien pour AMHEDABAD : pour 2,50 € chacun. L’assise n’est pas super confortable mais pour ce prix là on s’attendait à pire. La petite famille qui nous entoure est très sympathique. Elle nous offre à manger et vérifie que nous ne payons pas plus chère ce que nous achetons dans le train. Les autres passagers vaquent à leurs occupations et discussions s’en prêter attention à notre présence. Nous arrivons à 21h30 à AHMEDABAD. La chambre que nous nous trouvons est un taudis, les draps sont sales, tachés … On redoute les puces … Welcome in India!

3 août :
L’horreur !!! Malgré toutes nos précautions nous nous sommes fait piqués par des puces et nos dos sont recouverts de piqûres. Pour couronner le tout nous avons eu un réveil en fanfare à 6h du matin. Le bruit ressemblait à une gay pride juste devant notre porte. Il s’agissait de nos deux voisins de chambre qui voulaient écouter leur musique respective. Alors forcément à la fin chacun d’entres eux a le son au maximum, c’est tout simplement inaudible !
Notre matinée est organisée autour de la recherche d’un hôtel "correct". Nous filons ensuite sur le marché aux puces du dimanche. Décidement c'est la journée des puces! Ca se déroule au bord de l’eau dans un lieu qui ressemblerait plus à une décharge à ciel ouvert qu’à un marché. Malgré cela les femmes sont élégantes et richement parées de bijoux. La ville est plutôt calme si on tient compte du fait qu’une semaine avant un attentat à la bombe a fait 45 morts et plus de 100 blessés.
Le soir nous découvrons un centre commercial où la jeunesse dorée indienne passent ses week-ends entre le cinéma et le Mac-Donalds. A deux pas de là d’autres jeunes, moins aisés jouent aux criquets dans la rue entre les rickshaws, les voitures et les vaches. Quand on voit comment les indiens conduisent, c’est suicidaire !

4 août :
On commence notre journée par le musée Calico, musée du textile. C’est une visite très intimiste : on est seulement dix dans une bâtisse absolument magnifique et où on découvre de superbes tissus. Mais la visite est rythmée : 40 pièces à voir en 2H30 ça laisse peu de temps à la flânerie.
Nous filons ensuite voir un ancien puits avec ses galeries : le "Dada Hari War". L’endroit est surprenant. Nous nous accrochons pour la première fois avec un rickshaw qui essaie de nous arnaquer sur la course. Mais il est mal tombé, on est coriace !
Aujourd’hui on aura croisé un éléphant, un dromadaire, des vaches, des chèvres et des chiens, bien sûr le tout en plein centre ville.
Les indiens parlent très mal anglais, voir ne parlent pas anglais. C’est une vraie galère ! Ce soir nous prenons notre premier bus de nuit. Nous sommes un peu stressés car de nombreux touristes nous ont répété que les accidents de la route arrivaient essentiellement la nuit. Mais nous n’avons pas le choix : le trajet BOMBAY – UDAIPUR ne se fait que de nuit.




5 août :
Nous arrivons à 4h30 du matin dans Udaïpur et je trouve déjà le moyen de me prendre une sale gamelle dans un escalier en marbre mouillée et de me fouler l’index. J’ai un mal de chien, mon doigt à gonflé et est bleu, et finalement ce n’est même pas là que nous restons dormir. Ici pas de souci de crasse ou de puces, les chambres sont d’une propreté impeccable. Nous dormons jusqu'à 12h, les voyages de nuit n’ont rien d'exitant, on arrive toujours épuisés au matin. L’après-midi nous nous sommes perdus dans les ruelles de la ville et posés devant un thé fumant tout en observant les femmes en sari et bijoux qui mènent leurs ânes chargés de briques et de sable sur les chantiers de construction. Les femmes indiennes, même dans les BTP sont toujours très élégantes, avec un sari impeccable et de superbes bijoux aux pieds, mains et nez. Et à coté de ça, elles charrient du sable, des pierres, et du ciment.

Udaipur est relativement paisible et nous nous faisons assez peu importuné. En fin de journée nous faisons la rencontre de deux petites filles qui nous invitent chez elles. Elles étudiaient quand elles nous ont vu regarder leur maison, très belle soit dit-en passant. Elles nous ont abordés et nous ont invités à prendre le thé avec leur maman et leur mamie. Leur anglais est impeccable, c'est pour nous un vrai plaisir d'échanger avec elles. Nous repartirons avec un petit bracelet de l'amitié.


6 août :
Nous arrivons ce matin nous assistons à notre premier rassemblement religieux. Des dizaines et des dizaines d'hommes en blanc avec d'une écharpe orange défilent dans la rue en scandant quelque chose. Nous ne savons rien de cet évènement si ce n'est que le cortège part pour une marche de 10 Km au terme de laquelle il rejoindra un chateau. Mais à vrai dire nous ne sommes pas trop motivés pour les suivre.


Quelques mètres plus loin nous découvrons nos premiers Sadhu, ces hommes saints vêtus d'un pagne et dont le visage est peint en jaune safran. Ils sont beaux, colorés, maquillés ... et réclament des roupies pour prendre la pose.

Nous nous perdons dans la ville pour découvrir quelques vieux métiers comme celui de ce vieil homme qui étame les casseroles dans son atelier. Mais également les peintures de ces artistes anonymes qui viennent orner les façades des maisons de jeunes mariés. (Un éléphant accompagné d'un cavalier à cheval).



Nous terminons notre matinée par la visite du palais.

Notre après-midi est rythmée par notre visite des extérieurs de la ville ou les locaux se baignent. Ils sont bien motivés compte tenu de la couleur de l'eau, mais ce n'est sans doute rien à coté de celle du Gange. Nous passons notre fin de journée dans l'atelier d'un artiste peintre indien, le Chagal d'Udaipur. Ces peintures de style enfantines nous captivent et nous échangeons avec lui pendant trois heures de temps. C'est un moment privilégié ou nous tentons de comprendre ce qui inspire cet artiste, ses méthodes de travail ... Nous tenons à profiter grandement de ses instants passés avec des locaux qui n'attendent rien de nous car nous sommes conscients que ça ne durera pas et que ce type d'échanges sera rare en Inde.


Petite balade sur les rives du lac à Udaipur

7 août:

Udaïpur est une ville calme et presque reposante. Alors nous en profitons pour flâner, nous poser, observer la vie ... qui sait ce qui nous attend pour la suite du Rajasthan!

Ce matin nous rencontrons sur les berges du lac Pichola des femmes qui nettoient. Elles ramassent tous les détritus qui jonchent le sol semi-asséché du lac,..., toujours aussi élégantes. Et comme dans de nombreux pays ce sont les femmes qui bossent ... et les hommes qui regardent et dirigent les manoeuvres.


Les scènes de vie sont présentes à chaque coin de rue: des enfants qui plongent dans le lac, une petite vieille recouverte de bracelets qui vend des outils de jardinage... Nous mourrons d'envie de prendre des photos mais n'osons pas encore du peur du refus des gens ou des demandes d'argent que nous pressentons. Il faut bien avouer que c'est assez frustrant de laisser tous ces souvenirs s'envoler.

L'après-midi nous tentons une approche du grand palace mais un grand garde moustachu au sublime turban surveille l'accès. Alors on se contente d'une vue, de loin! Dommage que nous ne soyons pas invités car l'intérieur semble plutôt sympathique!




Ce soir prenons le bus pour Jaisalmer, une cité fortifiée nichée dans le désert du Thar à deux pas de la frontière pakistanaise. Nous testons pour la première fois le bus "couchette". Heureusement que nous avons été prévoyants! Nos cheches marocains qui nous suivent partout nous serviront ce soir de draps et ils sont les bienvenus vu la tête des couchettes. Mais tous les touristes n'ont pas été aussi prévoyants que nous et on aperçoit déjà leur mines défaites à la vue du clapier dans lequel ils vont dormir.
8 août:
Nous arrivons à 11h du matin dans la cité fortifiée de Jaisalmer. Le trajet de jour que nous venons d'effectuer nous a fait passer par des lieux désertiques superbes. Ici les gens vivent dans des huttes faites de longs blocs de pierres posés verticalement et joins entres eux par une sorte de torchis. Pas de photos ... Vincent dormait!
Malgré nos 12h de bus nous décidons d'aller nous perdre dans cette ville aux allures de mirages. Il ne se passe pas 10 minutes sans que l'un de nous s'esclaffe devant la beauté de la cité, la finesse des sculptures et les portes anciennes. C'est tout simplement superbe! Dommage que cette dernière figure sur la liste des sites les plus menacés de disparition. La surexploitation du système de drainage provoque lentement l'affaissement du fort.

L'après-midi nous déjeunons dans une coquette havéli (anciennes maisons de riches commerçants) qui domine toute la ville. Manger pour 1.5€ en se prenant pour un roi c'est plutôt sympa!


Les vaches sont les reines en Inde ...



Le soir nous traverserons toute la ville à la recherche d'un point en hauteur nous permettant de photographier le coucher du soleil. Après plus d'une heure d'attente, le coucher est plus que médiocre et les spot éclairant le fort ne s'allumeront jamais.



9 août:
Ce matin nous visitons les temples Jaïn de la ville, c'est le seul moment de la journée où la visite est autorisée. Nous sommes donc très très loin d'être seul ici! Les fidèles dans le temple nous orientent toujours vers leur boîte à don. Nous comprenons mal ce geste. On a l'impression que ces fidèles bradent leur religion au plus offrant des touristes ... Et inversement! Pourquoi les touristes donnent pour une religion qu'ils ne connaissent pas, ne comprennent pas et a laquelle ils ne croient pas? Certains diront que c'est "fun", comme si ça justifiait tout!

Fines sculptures dans les temples jaïn et sadhus


L'après-midi nous visitons le musée où deux maris insiste pour qu'on prenne leurs épouses en photos. On ne peux pas demander mieux! Si maintenant les gens se proposent d'eux même sans arrière pensée c'est royal!




Tenture du Rajasthan

Nous terminons notre journée attablé à une terrasse de café, il n'y a pas mieux pour saisir des tranches de vie. Mais en Inde la tâche se complique: il y a tellement de monde, de circulation,...


Ce soir nous commencons à saturer de la nourriture indienne. On a l'impression que tout se qu'on mange se ressemble. Toujours ce massala à toutes les sauces. Les plats sont tellement épicés que nous sommes incapables de dire si c'est le piment ou de la température qui nous brûlent la bouche. C'est pas gagné, il va falloir tenir encore un mois avant de retrouver notre bonne cuisine française!

10 août:
Nous prenons un bus pour JODPHUR. Les tickets d'un même bus se vendent à tous les prix: de 120 à 250 roupies. A cela, les touristes doivent rajouter une taxe de 15 roupies pour que leur sac soit chargé dans les soutes. Contrairement aux locaux, il nous est interdit de le garder avec nous dans le bus. Le nombre de touristes à se faire rouler dans la farine est impressionnant! D'habitude ces chargeurs de sacs baissent rapidement les bras avec nous mais celui d'aujourd'hui est un peu plus coriace.

Le trajet est éreintant de par la chaleur excessive, les coups de klaxon à répétition de notre chauffeur, et les locaux qui commencent à remplir l'allée centrale. On commence à comprendre ce que nous disaient les touristes: "L'Inde ça use!"

Sur la route pour Jodphur ...

Nous arrivons finalement à Jodphur harassés par des chauffeurs de rickshaws tous plus filous les uns que les autres. Notre technique est la suivante: on dégage sans les ménager tous ces rabatteurs qui nous sautent dessus, on s'écarte un peu de cette foule et on choisi nous même notre chauffeur. Et la plus part du temps on tombe sur un type sympathique et honnête.
Nous trouvons une guest-house nichée au pied de la forteresse. La ville arbore les mêmes couleurs que Chefchaouen au Maroc: le bleu indigo. Cette couleur était auparavant utilisé par les brahmanes (caste des religieux) mais aujourd'hui c'est toute la ville qui est peinte en bleue car cette couleur a pour propriété de "repousser" les moustiques (ca reste à verifier!).
Depuis la terrasse de notre guest-house nous assistons à un balai incessant de cerfs-volants qui se livrent bataille dans les airs. Dans cinq jours, c'est la journée de l'indépendance de l'Inde et il y aura un grand festival de cerfs-volants. Cela fait un mois que petits et grands mènent une bataille acharnée entre voisins de balcon en se lançant des duels. Le plus fort arrive à s'enrouler autour de l'autre et en tirant d'un coup sec il casse le fil de son adversaire et récupère le cerf-volant qu'il remettra en jeu presque immédiatement. Dans le ciel se sont des centaines de cerfs-volants multicolores qui papillonnent.

On admire le spectacle depuis son toit ...

La ville en bas est plutôt sale: les caniveaux débordent de détritus malodorants, les vaches "sacrées" squattent les petites ruelles qu'elles garnissent de leurs excréments. Ce sont de vraies saloperies dont il faut se méfier comme de la peste: elles chargent parfois les gens, sans être réprimandées, ou si peu. De vrai enfants gâtés!

11 août:

Ce matin nous visitons le fort de Mehrangarh. La montée pour y accéder depuis notre hôtel est rude et nous arrivons ruisselant de sueur après seulement 10 mn de marche. De nombreux indiens du milieu rural sont ici en pèlerinage et ils sont superbes à voir. Les hommes arborent tous de gros turbans. Quant aux femmes, elles ont sorti tous leurs plus beaux bijoux qu'elles arborent sur leur nez, le front, dans les cheveux, sur les mains et les doigts de pieds. Ils sont vraiment superbes à voir.






Le soir nous visitons le marché de la ville et testons quelques nouveautés comme le jus de mangue. Vincent en prendra 5 verres …

12 août :
Nous nous levons de bonne heure pour profiter de la fraîcheur du matin et monter la colline pour voir la tombe de l’ancien maharadjah. Ce cénotaphe en marbre est superbe et comme le fort, il domine la ville. Mais comme le dit le dicton "Rien ne sert de courir il faut partir à point". Nous sommes 1h30 en avance, il va falloir patienter!

Nous visitons ensuite le palais du nouveau maharadjah. C’est la visite la plus courte que nous ayons jamais fait : des photos du maharadjah à la chasse, au polo … et quinze pendules, l’arnaque !!! Encore heureux que les visiteurs étaient beaux à voir : il s’agissait encore d’indiens du milieu rural en pèlerinage. Ils sentent fort le feux mais ils sont superbes. L’après-midi c’est repos : Vincent est malade, c’est sans doute le jus de mangue. Comme quoi faut pas abuser des bonnes choses !



13 août :
Cette fois-ci c’est partie c’est la saison des pluies. Nous traversons quelques ruelles sous la pluie, les pieds dans les caniveaux qui débordent, le sac à dos bien serré sur les épaules à la recherche d’un rickshaw. On s’y attendait, les conditions climatiques font exploser les prix. Et oui sous la pluie un touriste ça craque plus vite. Mais on ne faiblit pas, on négocie fort qui à repartir à pied tout mouillé, c’est une question d’amour propre !
Nous filons vers PUSHKAR. Sur place le temps est exécrable, il ne cesse de pleuvoir. La ville prend des allures de western avec ses rues boueuses. On s’en colle plein les mollets, bouses de vaches comprises. Nous ne resterons pas longtemps ici c’est bien trop touristique. Il n’y a que des échoppes à touristes qui borde les rues, des babas cool partout, et des pèlerins au crane rasé avec une petite mèche de cheveux.
Toujours malade : la bouffe nous écœure, manger est un calvaire, on se nourrit maintenant !

14 août :
Nous faisons un petit tour rapide autour du lac pour voir les ghats et les pèlerins faire leurs ablutions dans l’eau verdâtre et immonde. On quitte ensuite se repère de babas cool en bus local … toujours ! Nous assistons à notre premier conflit de castes. Le bus est bondé, un type a priori fortuné, en belle chemise et pantalon, monte et pousse un passager pour se faire une place alors que la banquette est déjà plus que pleine. A peine partis, une bagarre explose. Le riche est à moitié en train d’étrangler le type a qui il vient de piquer la place en lui hurlant dessus. Ce dernier montre au riche qu’il fait de son mieux pour lui libérer de la place mais qu’il est bloqué à cause d’une barre. Tout le monde laisse faire. Ils sont vraiment horribles avec leur fatalisme. Personne ne se révolte contre sa condition. Ca fait froid dans le dos !
Dans le second bus on remet ça ! Des indiens ont pris notre place et ne veulent pas trop bouger. Ils veulent qu’on prenne leurs sièges où il n’y a pas de place pour les jambes car ils ont leurs enfants a prendre sur leurs genoux. Et vu qu’ils sont bien gros y compris les gamins ça pose problème, mais cela les regarde. Ils pouvaient aussi prendre une place pour leurs enfants. Chacun sa merde ! On récupère difficilement nos places pour finalement se coltiner des voisins envahissants et bruyants (3h30 de conversation téléphonique pour mon voisin). On est remonté et on leur fait comprendre que chacun doit rester sur son siège !
L’Inde est une agression perpétuelle pour tous nos sens : tant olfactif, qu’auditif, que gustatif ou visuel. On sent clairement qu’on perd notre énergie et il va falloir tenir bon car on a encore 3 semaines à tenir.

15 août :
On a dormi 11h et on se lève toujours aussi crevé. Notre régime alimentaire est pauvre : plus de vitamines, plus de viandes, presque plus de légumes verts. Patates, chapatis, épices … ce n’est pas ce qui va nous remettre sur pied! A peine une heure de marche dans la ville et on est déjà KO. Le bruit, les klaxons incessants et tellement aigus, les rickshaws qui vous foncent dessus, les rabatteurs à dégager, les pauvres qui vous squattent pour une photo contre des roupies. Voilà on rêve déjà à 9h30 du matin que la journée soit finie, que la nuit soit longue, très longue. Pour nous le voyage devient rude, nous allons écourter notre séjour au pays des Rajputs et filler vers le LADAKH au plus vite. Le manque de contacts nous pèse beaucoup! Surtout après la Birmanie! Un voyage sans contact est un voyage tellement pauvre ! Le Rajasthan est un musée vivant mais ça s’arrête là !
Nous visitons le "City Palace" de JAIPUR. 300 roupies (5 euros) par personne pour un bâtiment à l’architecture plus que simpliste et aux commentaires sans fonds. C’est cher et peu intéressant surtout après avoir vu les palais de Jodhpur et Jaisalmer. Pour couronner le tout aujourd’hui est la journée de l’indépendance. Le palace est bourré de touristes indiens qui poussent, parlent fort, de guides à touristes qui hurlent chacun dans leur coin pour leurs clients, si bien que nous n’entendons même plus nos audio-guides. On est exténué, à bout de nerfs, faut qu’on bouge d’ici pour se refaire une santé.




L’après-midi nous visitons le fort d’Ambert. Enfin quelque chose qui nous ravie le cœur ! On se croirait dans un comte de fée. Le fort de couleur ocre se décroche du paysage vert qui l’entoure ainsi que des fortifications rouges qui l’encerclent. Nous passerons le reste de notre journée à marcher sur les remparts, loin de la foule. Le soir nous assistons à la toilette d’un éléphant. Comme d’habitude depuis quelques jours, échanges inintéressant, demande de roupies contre photos. Les touristes peuvent payer un euro pour prendre un photo …Nous rentrons à l’hôtel épuisés, demain on prend la poudre d'escampette!!!


16 août:
On prend des forces pour le long trajet qui nous attend: JAIPUR - SHIMLA soit environ 490 Km ... en Inde! Pour rallier la gare routière nous prenons un cyclo rickshaw pour 15 roupies. Ce n'est pas très loin mais on se sent toujours assez mal derrière un gringalet qui pédale si fort qu'il s'en ferai exploser les rotules. Mais c'est un métier comme un autre en Inde.
Notre premier tronçon jusqu'a DELHI se passe plutôt bien d'autant que cette fois-ci nous avons conservé nos boules caisses pour nous préserver des coups de klaxons. Et mine de rien on est moins crevé. A Delhi tout se corse! Tous les passagers de notre bus sont descendus avant le terminus et le chauffeur refuse d'y aller. Il nous dépose en plein centre de Delhi, ce qui n'était pas prévu! On doit donc prendre un rickshaw pour rejoindre le terminus et prendre notre deuxième bus mais aucun d'entres eux n'acceptent de nous prendre avec le compteur. Les prix qu'ils nous demandent nous paraissent bien trop élevés et nous ne pouvons même pas négocier car ils partent avant qu'on est pu entamer quoi que ce soit. Ils font tous de la résistance, nous n'avons aucun moyen de discuter, c'est frustrant, rageant, on perd notre sang froid. Ras-le bol de l'Inde, cette fois-ci elle fini de nous achever! Finalement un passant appel un policier qui oblige un rickshaw à faire marcher son compteur. On paiera 47 roupie au lieu des 150 à 200 roupies réclamés.

La gare routière est un cauchemar. Ca ressemble à l'aéroport de Bombay: un bâtiment en ruine, de la boue partout, des relent de pisse et de vomis à chaque coin. C'est glauque, tellement glauque! L'achat de notre deuxième billet de bus relève du parcours du combattant. On nous envoie au guichet 40 pour acheter notre billet de bus pour 20h30. Le type ne cesse de répéter qu'il n'y a pas de bus pour SHIMLA ici et qu'il faut aller au guichet 7. Le guichet 7 assure que c'est le guichet 40 qui vend ces tickets. Finalement avec un peu de patience on obtient nos billets au guichet 40, en fait il ne pouvait pas nous vendre les tickets pour le bus de 20h30 car celui-ci est en retard il arrivera à 21h. C'est une histoire de dingue! Deux heures plus tard on cherche notre bus pour embarquer ... on apprend que celui-ci ne viendra pas, il vient d'être annuler. On doit se rabat sur un bus inconfortable ou il ne reste que les deux places du fond. On le sait la nuit sera dure, ce sont les pires place que l'on puisse trouver, celles ou on ressent tous les chocs.
Notre chauffeur est un fou furieux qui fonce à toute allure. On fait des bons de 30 cm sur notre siège, Vincent vient se cogner plusieurs fois la tête dans le range bagage au dessus de nous tellement les sauts sont forts. C'est l'angoisse, ce trajet doit durer 10h normalement. Finalement à 2 heures du matin on crèvera et bien sûr notre chauffeur n'a pas de roue de secours. Il nous force tous à débarquer. Deux heures d'attente dans le noir sur le bord de la route avant qu'un autre bus puisse nous prendre. Ca c'est du voyage!
Pour nous il est vraiment temps de quitter le Rajasthan, nous sommes au bout de nos forces!

PETIT KIT DE SURVIE EN INDE
1 paire de boule Quies à conserver même la journée
1 boîte d'arestal, ce sera votre meilleur allié après vos repas
1 très, très grosse dose de patience!
Avec un peu de recul ...
Notre voyage en Inde n'a pas été si noir qu'il y parait. Le Rajasthan a certes été très épuisant mais ça reste un endroit très intéressant à visiter. L'Inde est un pays à aborder en forme pour l'apprécier pleinement, et nous ne sommes pas arrivé dans ces conditions.
La suite du voyage dans le nord de l'Inde a été bien plus reposant et nous avons enfin pu apprécier ce pays à sa juste valeur. Ce sera dans le prochain message ...

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