samedi 9 février 2008

Le marquage des vaches en Patagonie

De vuelta en Argentina ...

Nous quittons la Bolivie et repassons une dernière fois la frontière pour l'Argentine. Dans quelques jours aura lieu le marquage des vaches dans l'estancia de nos amis les "Jones" de Trevelin où nous avions eu nos deux compagnons à quatres pattes: Lola et Quaouette.
Nous avons à peu près 5 jours pour faire 2400 Km en bus ... Dans ces conditions, difficile de visiter de manière approfondie le nord de l'Argentine.
Nous réussissons néanmoins à faire quelques haltes intéressantes dans les petits villages de Humahuaca, Tilcara et Purmamarca. Entre la quebrada de Humahuaca et la montagne aux septs couleurs, nos yeux en prennent plein la vue.

La montagne aux septs couleurs

En route, nous faisons halte à Salta. Sur place la chaleur nous assome. La ville est vraiment très sympathique et nous donne un aperçu des différences culturelles des gauchos du nord et du sud. Les habits traditionnels sont différents. Ici les gauchos sont vétus de blanc avec une ceinture rouge et coiffés d'un sombréro noir au bord large.



Avant de rallier Trevelin, nous passons la soirée à Bariloche avec nos amis Carole et Guillermo. Chaque venue à Bariloche est devenue comme un retour à la maison: un lieu familier où il fait bon vivre, des personnes qu'on respecte et qu'on apprécie. On retrouve nos repères et il faut avouer que c'est un sentiment fort agréable surtout après quasiment deux ans avec un sac sur le dos et des changements de "domicile" quasi journaliers. Nous nous sentons désormais un peu comme chez nous en Argentine.
Le marquage des vaches nous tarde. Nous sommes un peu las de jouer les "touristes" et n'avons plus goût aux visites des villes ou autres musées. On se donne du mal pour sortir des sentiers battus, rencontrer et échanger avec les locaux mais on se rend compte qu'au bout de deux ans de voyage il manque désormais quelque chose à notre projet: passer plus de temps dans un même endroit et travailler.
Le marquage des vaches arrive à point nommé d'autant qu'il ne s'agit aucunement de folklore pour touristes. Nous serons les seuls "gringos" présents. Pour le reste des invités, il s'agit des voisins et de la famille venus aidés. Notre amie Carole nous assure que nous avons une chance inouïe de participer à cet événement car il tend à se perdre au fil des années. Il ne nous en faut pas plus pour aiguiser notre envie. Nous allons être plongé dans l'Argentine de nos rêves: celle des estancias et des gauchos ... une fois de plus.

23 avril:
Notre retour à la Calendria (l'estancia de la famille Jones) est émouvante. Depuis l'enclos où elle travaille avec les vaches destinées à être marquées, notre petite Quaouette nous repère. Elle aboie, chouïne, elle est tellement heureuse de nous revoir qu'elle ne sait plus comment s'y prendre pour passer entre les barrières. Elle est devenue incontrable: calin, grosse lèchouille, grosses pattes boueuses sur le pantalon, on a le droit à la totale. Pas de doute elle ne nous a pas oublié et ne semble pas nous en vouloir de l'avoir ramené ici. On retrouve notre petite chienne en pleine forme et avec quelques centimètres de plus. Ici on la choye bien il n'y a pas de doutes.
Une fois les vaches rassemblées on se retrouve autour d'un bon maté. La première fois que nous avions gouté à cette boisson locale nous avions été un peu surpris par l'amertume mais finalement on a fini par apprécier cette infusion et tout le cérémonial qui va avec. Surtout quand il fait froid dehors et qu'on se retrouve près du poële.
Le soir nous renouons avec l'assado après quinze jours à n'avoir manger quasiment que du poulet bolivien. Un régal ce petit mouton grillé!
24 avril: Jour J!!!
Ca y est nous y sommes: le marquage des vaches! Au premières lueurs les hommes sont déjà au travail: les fers chauds servant au marquage sont dans la braise et les hommes positionnés dans l'enclos. On fait entrer les jeunes de l'année trois par trois. Chaque gauchos fait tourner son lasso puis le lance pour attraper les vaches par les pattes. Et là ça se complique. Beaucoup échouent. Autant dire que si nous étions avec eux dans l'enclos on ne leur servirait pas à grand chose vu comment les choses ont l'air déjà peu aisées. Et oui il ne s'agit pas d'attraper la tête de la vache mais les pattes. Les gauchos jètent la boucle du lasso au sol et tirent dessus pour ligoter les jambes. Mais parfois il n'y en a qu'une seule qui est prise et il faut relacher la bête.






Une fois l'animal attacher on fait appeler une des trois personnes qui ont les fers chauds pour qu'ils apposent la marque de l'estancia "J" sur la croupe. La vache apprécie fort peu. Pour les taurillons s'ajoutent la castration: on leurs coupe les testicules au couteau puis on désinfecte. Nous les mangerons plus tard. Après ces quelques minutes franchement rudes pour l'animal les hommes sont obligés de le reconduire près de sa maman car il est incapable de retrouver la sortie tant il est choqué.
Au bout de quelques temps on ne sent qu'une chose: le poil brulé. Même nos habits sont imprégnés de cet odeur.
Et un marquage au fer chaud, un!
En attendant le fer chaud il faut bien maintenir l'animal

Petit tour de lasso

La boïna, béret argentin des gauchos est plus que présente en ce jour de marquage



Une fois le travail accompli, on range son lasso et on part pour le festin ...


Pendant tout le temps où les hommes ont travaillé dans l'enclos pour marquer les bêtes, les femmes ont travaillé au fourneau, partagé le maté et les derniers potins. La place de l'homme et de la femme sont clairement défini en Argentine mais personne de s'en plaint. Carole, notre amie de Bariloche est à ce titre une femme assez particulière pour l'Argentine car elle travaille dans l'estancia comme un homme pourrait le faire ce qui est très rare. Elle a souvent eu à faire ses preuves trois fois plus qu'un homme et à batailler pour avoir le droit de marquer les vaches.

Le festin est prêt, l'assado aussi, à table!

Après le festin, place aux jeux. Les anciens jouent à des jeux méconnus ...

Les plus jeunes mettent l'ambiance et font danser les plus vieux

Après avoir mangé comme des ogres nous décidons d'aller nous balader un peu avec Quaouette afin de digérer. Notre petite chienne ne semble pas super emballée par notre proposition. Nous réussissons à passer une première barrière dans l'estancia mais à la deuxième elle fait demi-tour et retourne à la ferme. Elle a compris que sa vie était désormais ici et semble y avoir trouvé une joyeuses bandes de copains. Cela nous réconforte dans notre choix de l'avoir ramener ici. Même si elle n'a pas la même affection qu'on pouvait lui offrir parce qu'elle est un chien de travail dans une ferme, elle vit avec d'autres chiens, en liberté et travail avec les vaches. Elle semble heureuse ici.
Nous faisons donc demi-tour avec elle. Promis, les 20 Km à la journée sous un soleil de plomb c'est bien terminé pour toi petite Quaouette!
La journée se poursuit sur un grand match de foot puis re-assado et danse. L'accordéon et la guitare sont de sortis. Vincent et moi avons le droit à notre tour de piste avec nos professeurs particuliers. C ette superbe journée se terminera tard dans la nuit.

25 avril et jours suivant:
Les lendemain de fête sont difficiles ... Alors pour se rebooster quoi de mieux que des testicules de taureau en salade ou chaude? Une fois qu'on a réussi à faire abstraction de ce qu'on mange (surtout pour les mecs), finalement ce n'est pas si mauvais.
Le soir Vincent s'essaie au marquage sur deux taurillons qu'il n'avait pas été possible d'attraper les jours précédents.


Nous restons encore cinq jours à l'estancia avec nos amis Claudia et José Luis. Nous avons trouvé un petit papi à la ville qui a accepté de nous apprendre à travailler le cuir. Nous l'avions rencontrer plusieurs mois auparavant quand nous avions acheté Lola. c'est lui qui nous avait affuté notre couteau et c'est à cette occasion que nous avions découvert son atelier. Ayant envie de faire autre chose on lui a demander si il pouvait nous enseigner l'art du tressage gaucho. Et il a accepté ... ça c'est une chance!
Nous voici donc de retour sur les bancs d'école tous les matins pendant cinq jours avec José Arthuro.

Travail de tressage en cuir de José Arthuro




Ces cinq jours passés chez José Luis et Claudia ont été formidable. José Luis nous a ouvert les portes de son cercle d'amis originaire du pays de Galles et on se retrouve invité à droite et à gauche tous les jours.


Anniversaire du voisin de José Luis et Claudia




Levé de soleil tous les matins sur l'estancia
Après avoir cuisiné pour nos amis de la cuisine française (boeuf bourguignon, blanquette de veau ou quiche), José Luis veut également nous faire profiter de ses talents de cuisinier. Pour notre dernier soir à l'estancia c'est un roti de boeuf fourré aux légumes et aux oeufs.
Nous quittons l'estancia avec le coeur gros. Notre au revoir avec nos amis est difficile. Nous avons énormément partager avec eux et dieu sait le nombre de fois où ils nous ont proposer de nous installer à Trevelin pour travailler ... Cette fois-ci c'est la bonne, il n'y aura pas de retour dans un mois, nous partons pour de bons. Comme toujours après une telle rencontre on espère se revoir ... Personne ne sait de quoi sera fait l'avenir.
Et puis il y a notre petite Quaouette. Elle semble avoir compris que nous partons. On lui fait un dernier gros calin avec une boule dans la gorge. Mais c'est ici sa place, ici qu'elle a des amis de son espèce, ici qu'elle peut courir dans des grands espaces. Et puis elle a cette grande niche que nous lui avons fabriqué pour se protéger du froid cet hiver. Tout devrait bien se passer, elle est entre de bonnes mains.
Dans le bus la beauté du paysage nous transporte doucement vers le Chili ...

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